samedi 5 mai 2007

Sa Ville Natale

Le mot "Maghdoucheh" est d'origine syriaque. Il est dérivé du mot "Moukadassoun", c'est-à-dire, ceux qui rassemblent leur récoltes dans des tas. Il se peut également que le mot "Maghdoucheh" vienne du mot syriaque "Kadacha" dont les dérivées sont: "Kadicho", "Kadichate" et "Makdicho" qui signifient en arabe "Kouds", "Kouddous" et "Moukaddassa". Alors, le mot "Maghdoucheh" signifie ici "sacré".
Maghdoucheh se situe au district du Liban-sud, KADAA Saida. Le village se situe à 45 km au sud de la capitale Beyrouth et à 5 km à l'est de la ville de Saïda. Depuis cette dernière, Maghdoucheh apparaît sur une colline verte à une altitude moyenne de 270 m. Le nombre de ses habitants est environ 8000.
Pour atteindre le village en partant de Beyrouth, il faut prendre l'autoroute au sud de la capitale dans la direction de Damour et ensuite de Saida. Arrivant à Saida, il faut traverser la ville en suivant la direction du sud. A la sortie de Saida, vers le pont de Saynik (connu aussi sous le nom de Carrefour de Maghdoucheh), il faut suivre la direction Est.
Origines
La Vierge Marie est invoquée à Maghdoucheh sous le vocable arabe de "Saidet el Mantara", c'est à dire: "Notre-Dame de l'Attente".
En effet, d'après une tradition séculaire, la Vierge Marie et les Saintes Femmes auraient attendu Jésus en ce lieu, pendant qu'il annoçait la Bonne Nouvelle à Saïda (Sidon), ville païenne où les femmes juives ne pouvaient se rendre.
Cette tradition se fonde sur le fait que Jésus s'est rendu dans le pays de Tyr et de Sidon, comme l'attestent les Evangiles: Mathieu 15, 21-28 et Marc 7, 24-31.
Certains spécialistes vont jusqu'à prétendre que Jésus peut très bien être passé par Maghdoucheh, situé sur la route qui va de Saïda en Galilée via Marjayoun et Banias. Marc 7, 31 pourrait laisser supposer que Jésus, venant de Tyr, est rentré en Galilée par ce chemin.
Lieu de pèlerinage séculaire
Situé à l'entrée du village de Maghdoucheh, en venant de Saïda, en haut d'une longue côte d'où on a une vue splendide sur la mer et sur la plaine côtière, cet endroit est connu comme lieu de pèlerinage, aussi loin qu'on peut remonter dans le temps. L'existence de nombreux pèlerinages à Notre-Dame de Mantara au 17ème siècle est clairement établie.
D'autres indices permettent de formuler l'hypothèse que la Vierge y était déjà vénérée à l'époque des Croisades et peut-être plus tôt.
Pour plus d'information à ce sujet, nous vous conseillons l'excellent ouvrage du père Joseph Goudard S.J. :"La Sainte Vièrge au Liban", édité en 1908 à la Bonne Presse à Paris. Il y eut une réédition en 1955 sous la conduite du père Henri Jalabert S.J., parue à l'Imprimerie Catholique de Beyrouth. Pour écrire ce livre, le père J. Goudard visita le Liban à cheval vers la fin du 19ème siècle, et recueillit de nombreux témoignages. Il utilisa aussi des notes accumulées entre 1860 et 1880 par son confrère jésuite le père Pierre-Marie Maritin.

Le site sanctuaire : La Grotte

Tout d'abord la Vierge Marie est vénérée dans une grotte naturelle d'environ 12m sur 5.
C'est ici que Marie et les Saintes Femmes auraient trouvé un abri en attendant le retour de Jésus.
Cette grotte aurait été découverte par hasard, au 17ème siècle, par un berger ou un laboureur; il y aurait trouvé un autel surmonté d'une gravure en bois représentant Notre-Dame. Cela fait supposer que c'était un lieu de culte marial tombé dans l'oubli après les croisades vu que les chrétiens étaient devenus moins nombreux dans la région. En effet, les archéologues ont retrouvé, près de la grotte, les vestiges d'un château croisé: le castel de Franche-Garde, qui surveillait plusieurs vallées et la grande plaine de Sidon.
L'endroit était un des hauts lieux de Sidon, depuis bien longtemps, puisqu'on y a trouvé une inscription phénicienne et un serpent sculpté dans le rocher. Il est même possible qu'il y eut jadis un sanctuaire troglodytique d'Astarté dans les environs.
Devant la grotte il y a un joli portique à trois arcades, surmonté d'une croix. Il fut construit en 1868 par M. Jaques Abela, consul de Grande-Bretagne à Saïda, pour avoir été miraculeusement guéri d'une attaque d'apoplexie.
Un peu plus loin, à gauche de la grotte, au bout d'une esplanade qui aboutit au bord de la colline, se dresse une tour surmontée d'une statue monumentale de la Vierge portant l'Enfant Jésus, et orientée vers Saïda et la mer. En bas de la tour, une chapelle hexagonale accueille les pèlerins. Un escalier extérieur conduit au sommet de la tour.
Ce monument fut réalisé en 1961 sous l'impulsion de Monseigneur Basilios Khoury, archevêque grec catholique (melkite) de Saïda, qui est enterré sous la chapelle.
Dans la tourmente de la guerre
Fin avril 1985, la population de 25 paroisses à l'Est de Saïda, dût quitter précipitamment la région et vécut une exode pénible vers Jezzine et Beyrouth, sans espoir de rentrer avant longtemps.
Fin 1986, ce fut le tour de Maghdoucheh. Ce village de 5000 à 6000 personnes se retrouva vide du jour au lendemain. Tous les villages connurent un pillage total allant jusqu'à voler portes, fenêtres, installations électriques et sanitaires.
Les destructions furent nombreuses: maisons, églises, presbytères, salles paroissiales, dispensaires, commerces, entreprises. Les cultures furent anéanties à 50%. Un vrai désastre moral et matériel.
Aujourd'hui, après 9 ans, 85% des familles ont pu rentrer et se réinstaller petit à petit.
Les responsables de l'église ont déployé d'énormes efforts pour favoriser et confirmer ce retour.
La population a fait preuve de beaucoup de courage pour recommencer tout à zéro.
Tous les fidèles sont convaincus que Notre-Dame de Mantara n'a cessé de veiller sur eux. Elle les a attendus pendant ces années de Malheur. Ils croient fermement que c'est elle qui leur a permis de revenir et de démarrer une vie nouvelle.
Le site en restauration
Le site, par sa position géographique au sommet d'une colline, à 150 m d'altitude, était un lieu stratégique pendant les hostilités. Il fut le théâtre de combats violents. La Grotte et la Tour furent occupées par les troupes et les dégâts très lourds: le site est à restaurer complètement.
Dans un premier temps, on a déblayé et nettoyé pour remettre aux pèlerins, de plus en plus nombreux et venant même de l'étranger, de se recueillir et prier.
Des travaux de restauration sont en cours, dans la mesure des possibilités financières du diocèse. Il faudra beaucoup d'argent et plusieurs années pour que le site retrouve toute sa beauté.
Mais le "cœur" du sanctuaire est là… Notre-Dame nous attend !

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